Un artisan de l'alimentation : rencontre avec Astrid Nässlander
Ambassadrice culinaire des menus de notre concept Norway’s Coastal Kitchen, la Cheffe Astrid Nässlander explique sa philosophie culinaire et en quoi un ensemble de choix limité est finalement positif.
Sur l’île de Steigen, en face des Lofoten, Astrid Nässlander observe son domaine. Ce somptueux segment de la côte norvégienne est caractérisé par des montagnes spectaculaires et des centaines d’îles et îlots ponctuant les eaux turquoise. C’est dans cet écrin que cette cheffe indépendante et petite productrice de viande locale de 30 ans se procure tous les ingrédients dont elle a besoin ou envie.
« On trouve plusieurs baies et champignons ainsi que de l’eau de source délicieusement fraîche en été », explique Astrid avec enthousiasme. « Steigen abrite aussi de nombreuses fermes, et j’adore faire la rencontre de moutons et de bétail sur la route ou dans les montagnes. »
Sur le chemin de la gloire
Si cette mère de deux enfants de 30 ans a toujours aimé cuisiner, le chemin du succès et de la reconnaissance n’a pas été sans encombre. « Pendant cinq ans, j’ai été tiraillée entre mes choix en matière d’éducation et des emplois à temps partiel dans des cafés et restaurants. »
Une fois qu’Astrid s’est faite à l’idée que la cuisine était sa véritable passion, elle a passé cinq années qu’elle décrit comme « un abandon à ma vocation pour la cuisine professionnelle, l’exploration de ma propre créativité et le développement de mon activité. »
Ces années ont payé. Véritable étoile montante, Astrid a prétendu au poste de Cheffe au prestigieux Manshausen Hotel. Elle est ensuite devenue la première personne à décrocher le Prix des chefs norvégiens, au jeune âge de 26 ans.
La limitation comme inspiration
C’est pendant son poste à Manshausen, alors qu’elle pêchait elle-même son poisson et fouillait dans la forêt voisine, qu’Astrid a commencé à développer sa philosophie gastronomique unique basée sur « la qualité plutôt que la quantité. »
« J’ai appris à très bien m’adapter aux ingrédients à disposition, mais aussi à éviter à tout prix le gaspillage », explique-t-elle avec fierté. « Cuisiner des repas de trois plats chaque jour pendant trois ans sur une île isolée avec une seule livraison par semaine vous oblige à devenir extrêmement créative. C’est presque lorsque j’ai le moins de produits que je fais le plus preuve de création. Je peux donc très bien faire mon travail sans légumes importés. »
Elle réfléchit un instant et se souvient : « Un jour, j’ai préparé un dessert avec littéralement tout ce que j’avais. Je travaillais alors sur une petite île, sans la moindre possibilité de recevoir des ingrédients supplémentaires. J’ai fini par proposer une poire pochée dans du sirop de cassis, servie avec de la sauce au caramel au beurre salé sur une meringue moelleuse. Ce fut une réussite et tout le restaurant devenait totalement silencieux dès que ce dessert était au menu ! »
« Le bon sens de la tradition »
Astrid se félicite de son approche « minimaliste mais plus qualitative », qu’elle appelle « le bon sens de la tradition », à travers son approvisionnement en ingrédients durables. Pour le lait, elle fait appel à une ferme laitière. Pour la viande, elle contacte les chasseurs locaux pour savoir quels animaux abondent.
Astrid déclare que la motivation qui la pousse vers cette vision « traditionnelle », c’est de « montrer aux gens ce que nous avons autour de nous et qu’il est possible de trouver de la nourriture autre part qu’au supermarché. » Elle est particulièrement fière des produits de grande qualité disponibles à Steigen et des producteurs avec lesquels elle adore discuter.
Elle n’a aucun doute quant à la viande locale. À une époque à laquelle il est largement estimé que la viande est totalement contraire au développement durable, Astrid souhaite mettre cette vision au défi. Elle demande plutôt aux gens de « s’approvisionner en viande de manière responsable, de faire des choix éclairés, de s’informer, d’aller à la rencontre des fermiers locaux et, pourquoi pas, de rencontrer leurs animaux. »
La recette de « la bonne direction »
Astrid retire en partie la satisfaction que lui procure la cuisine des liens qu’elle tisse avec les gens grâce à ses plats. Sa collaboration avec notre concept Norway’s Coastal Kitchen, l’expérience culinaire norvégienne, est une manière de faire la rencontre d’encore plus de monde, qu’il s’agisse de nos passagers qui goûtent ses plats à bord, lors de nos voyages, ou de ses collègues chefs, Halvar Ellingsen et Øistein Nilsen, qui partagent sa passion pour les ingrédients locaux.
« Je suis ravie de ce nouveau partenariat avec Hurtigruten L’Express Côtier de Norvège », déclare-t-elle, radieuse. « Je suis aussi curieuse de voir ce qui se passe quand une marque ancienne et bien établie croise le chemin d’une marque récente et ambitieuse, encore dans sa phase de lancement comme la mienne. »
Le carrefour entre modernité et tradition est un thème qu’Astrid retrouve dans de nombreux aspects de son activité. « J’aime décrire ce concept avec le terme « rétrovation », qui signifie regarder vers le passé tout en développant l’avenir. Avec une assiette comme toile vierge, vous pouvez laisser aller votre créativité à l’infini, en revisitant les connaissances et techniques anciennes sous un jour moderne et audacieux. »
Elle conclut en souriant, « j’interprète cette nouvelle opportunité de travailler en accord avec le concept Norway’s Coastal Kitchen comme le signe que j’ai pris la bonne direction. » Nous sommes bien d’accord !