Ramassage du plastique sur les plages isolées du Svalbard

À l’extrême nord du monde, sur le littoral arctique, des bénévoles déterminés ramassent les déchets marins qui menacent les espèces locales.

longyearbyen-119753-Agurtxane Concellon

Avec sa beauté sauvage aux prises avec un climat froid et inhospitalier, le Svalbard a dissuadé bien des colons, à l’exception de quelques intrépides. Aujourd’hui encore, on y compte seulement 3 000 habitants, et ce sont des vastes étendues sauvages et immaculées qui occupent la majeure partie de l’archipel.

Malgré tout, cette lointaine terre arctique n’est pas à l’abri de la pollution d’origine humaine. Sur Prince Charles Foreland, l’île la plus à l’ouest, les déchets venant de la pêche, entre filets et cordages, constituent une menace pour la faune.

Ces dernières années, les visiteurs ont eu la tristesse de voir des rennes dont les bois s’étaient emmêlés dans de lourdes cordes ou encore de trouver des carcasses d’individus qui avaient succombé à une mort lente et douloureuse. Sans oublier les ours polaires, les phoques communs et divers oiseaux marins qui sont également menacés.

Les amateurs d’activités en plein air sont prêts à participer

Heureusement pour la faune et l’environnement, des bénévoles habitant la plus grande ville du Spitzberg, Longyearbyen, sont déterminés à changer la donne.

Et pour réunir la main-d’œuvre nécessaire au nettoyage des plages, Svalbard Turn, le club sportif de la ville, a créé une organisation appelée Aktiv i Friluft (Actifs en plein air). Ses membres sont amenés à explorer des régions aussi magnifiques que reculées avec d’autres personnes partageant leurs valeurs, tout en agissant pour l’environnement.

Pour sa dernière initiative, le projet Forlandet, l’organisation a emmené ses bénévoles nettoyer la rive ouest de l’île Prince Charles Foreland. Une bonne occasion de sortir de Longyearbyen, ce qui est plutôt difficile si on ne dispose pas d’un bateau ! Le projet Forlandet avait pour objectif de nettoyer la plus grande partie possible de l’île durant l’été polaire du Svalbard, en commençant par la côte ouest.

Une expérience de poids

Aktiv i Friluft a déjà participé à des projets similaires, puisque l’organisation a contribué à l’évacuation de 20 tonnes de déchets sur différentes plages de l’Isfjord norvégien. Elle s’est même déjà rendue avec 10 bénévoles sur les côtes est et sud de l’île Prince Charles Foreland pour ramasser plus de 1,7 tonne de déchets marins en deux jours. Néanmoins, déployer une opération dédiée sur Prince Charles Foreland représentait un défi considérable.

Dans un endroit aussi isolé et sauvage, il faut de l’expérience et des connaissances locales pour mener en toute sécurité une opération telle que le projet Forlandet. En outre, une expertise opérationnelle est nécessaire pour optimiser la très courte période durant laquelle l’initiative est possible.

En effet, l’accès à Prince Charles Foreland est restreint pendant une grande partie de l’été, à cause de la saison de reproduction des espèces locales. Sans oublier que l’été est court, et que les activités de ramassage des déchets doivent s’interrompre face aux températures négatives qui s’installent rapidement et gèlent les sols.

Pour contourner ces limites, Aktiv i Friluft a demandé au gouvernement une dérogation pour commencer sa collecte trois jours avant la fin officielle de la saison de nidification.

Cibler les efforts de collecte des déchets

L’organisation Aktiv i Friluft a décidé de répartir son nouveau projet Forlandet en deux initiatives principales.

La première consistait à envoyer des bénévoles ramasser les déchets marins sur les plages, les trier et les préparer pour le transport. La seconde consistait à coordonner le transport de ces déchets entre Prince Charles Foreland et Longyearbyen en vue de leur élimination. Dans le même temps, l’équipe assurait une surveillance constante des ours polaires.

Pour mener à bien cette mission, Aktiv i Friluft a déployé un navire au large de Prince Charles Foreland, faisant office de base pour ce grand nettoyage des plages.

L’organisation savait déjà quelles zones cibler grâce à la cartographie des déchets marins réalisée dans le cadre du Svalbard Intertidal Project. Elle s’est également appuyée sur les photos et informations provenant d’autres recherches. Grâce à ces ressources, Aktiv i Friluft a pu se faire une bonne idée de l’ampleur du projet et planifier en conséquence les expéditions de nettoyage des plages.

Un nouveau défi : la hausse du coût des navires

En 2020, alors que toutes les conditions étaient réunies pour lancer le projet, la pandémie de COVID-19 a frappé. Puis, elle a de nouveau bloqué son lancement en 2021.

C’est enfin grâce à un financement supplémentaire de 10 100 € de la Fondation Hurtigruten que le projet a pu être mené à bien du 12 août au 2 septembre 2022. Les résultats ont été spectaculaires, une grande quantité de déchets ayant été collectés et évacués en toute sécurité de ce paradis isolé.

Un exemple pour le monde

Les organisateurs espèrent que cette grande opération de nettoyage déployée dans un endroit pourtant si isolé, et dans un parc national qui n’avait jamais été nettoyé jusque-là, servira d’exemple au reste du monde.

En donnant à voir l’étendue des déchets marins dans l'archipel du Svalbard, conséquence on ne peut plus concrète des activités humaines, leur souhait est d’attirer davantage l’attention sur la menace croissante que représente la pollution pour la région arctique.

En outre, le projet contribuera à sensibiliser les populations de Norvège et du monde entier à réduire leur consommation de plastique en général.

Fondation Hurtigruten

La Fondation Hurtigruten est le fruit d’une collaboration entre Hurtigruten, nos passagers, nos partenaires et des donateurs privés. Ensemble, nous nous engageons à lutter contre le changement climatique, à soutenir les communautés locales et à mettre fin au tourisme de masse non durable.

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